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Des connaissances et un savoir-faire oubliés ?

pyramides de Gizeh en pierre calcaire moulée

Quel rapport avec les pyramides ?

Tout mouleur de pierres qui s'intéresse aux origines des techniques architecturales remonte naturellement jusqu'aux pyramides. Il est alors amené à se poser des questions quant aux mystères non résolus qui entourent leur construction.
- Quelles techniques et quelles méthodes ont utilisé les grands bâtisseurs de l'époque de Ramsès II pour construire ces merveilles d'architecture ?
- Existe t-il une possibilité que, il y a plus de 4000 ans, les bâtisseurs aient pu utiliser la technique du coffrage de pierre ?

Questions préalables :

Les pyramides de Gizeh en pierre calcaire moulée

1 - Les bâtisseurs des grands édifices en pierre les plus anciens connus aujourd'hui avaient t-ils des connaissances en matière de résistance sismiques des structures plus poussées que nous ne le pensons aujourd'hui ?

- On connaît en effet l'existence d'édifices vieux de plusieurs millénaires (plus de 5000 ans pour certains) et encore en bon état, alors que nos structures modernes en béton armé ne résistent pas plus de quelques siècles à la corrosion et aux séismes.

- La structure d'assemblage des mégalithes de ces constructions est très particulière et étonnante pour des édifice sensés être construits en pierre taillée, avec des ruptures de niveaux et des joints non linéaires mais de très haute précision que des générations de tailleurs de pierre ne voudraient même pas envisager. C'est probablement en partie cette structure particulière qui permet à la grande pyramide de Khéops, à Gizeh, d'être encore debout aujourd'hui.

2 - Les bâtisseurs de la plus ancienne et la plus grande des pyramides d’Égypte avaient t-ils des connaissances et des savoir-faire en matière de liants hydrauliques, de géopolymères et de béton banché ?

- De multiples indices laissent à penser que oui. Je ne les énumère pas là, mais je vous invite à parcourir les liens en bas de page.

- Les traces des méthodes employées par les bâtisseurs, bien plus éphémères que les pierres elles mêmes, ont disparu, et les hiéroglyphes ne racontent pas tout aux égyptologues. Quant aux scientifiques, ils semblent avoir bien du mal à faire bouger les égyptologues sur leurs socles et à simplement obtenir des échantillons de pierres des pyramides pour valider ou infirmer leurs hypothèses par l'expérimentation et l'analyse.

Point de vue et arguments d'un simple mouleur de pierre

Pyramide de Cheops à Gizeh : Auteur Berthold Werner Creative Commons Si la réponse à la deuxième question est "oui", alors, les bâtisseurs auraient été bien bêtes de ne pas utiliser la technique du coffrage in-situ pour au moins une partie des blocs de la grande pyramide. En effet, pour un mouleur de pierre architecturale expérimenté, la question du "comment ils ont fait " ne résiste pas longtemps au bon sens et à une analyse pragmatique des faits établis et des données disponibles. Avec la technique du coffrage in-situ, couler un bloc de 20 tonnes à 40m de haut n'est qu'une question de nombre de participants acceptant de transporter des paniers de mortier. Cela expliquerait la finesse des joints, leur non linéarité et les ruptures de niveaux, conséquences directes de la technique du coffrage in-situ.

- Pas besoin alors de grues, ni de rondins, ni de rampes...
- Le mortier pierre est réalisé en partie avec du calcaire délité et en partie avec les copeaux et les poussières de taille des blocs calcaires, dans les carrières au pied de la pyramide. Ainsi, pas de gaspillage et l'on se débarrasse du même coup de ces résidus de carrière très encombrants.
- Le coffrage peut être constitué sur deux ou trois faces par les blocs de pierre moulés ou taillés déjà en place, et sur les faces ouvertes restantes par des banches en bois mobiles et réutilisables.
- Le coulage d'un mortier "sec" contre une pierre sèche ou un mortier pierre dont la cure est terminée laisse apparaitre un joint similaire à celui que l'on peut trouver entre deux pierres taillées parfaitement jointives. Le joint reste une ligne de fracture visible entre les deux blocs.
- Les ruptures de niveaux permettent de rattraper les niveaux et en même temps, volontairement ou involontairement, elle consolident la résistance anti-sismique de l'ensemble de la construction.
- Libre à l'architecte de faire gratter les blocs et ébavurer les joints juste après le décoffrage pour raison d'esthétique.


Bon, ce n'est qu'un avis de plus sur la question !
Mais après celui des égyptologues, des archéologues, des scientifiques, des tailleurs de pierre et des quidams, pourquoi pas celui d'un mouleur de pierre architecturale amateur ?

Mais, encore une fois, tout ceci n'a aucun sens si la réponse à la question n°2 est "non" !

Mais allons encore plus loin...

Principe de la voûte romane : Auteur Eugene Viollet Le Duc

Sans écriture, les anciennes techniques tombent dans l'oubli ?

Depuis environ 2 millénaires avant JC et jusqu'à il y a environ un siècle, la technique de la pierre de taille s'est imposée. Elle est arrivée avec l'âge du fer qui a rendu possible la création des outils de coupe et de taille des pierres. Elle a sans aucun doute fait tomber dans l'oubli les précédentes techniques, dont celle du coffrage, utilisée de longue date pour les constructions en argiles et terres crues ou cuites, et peut être celle des liants géopolymères qui ont beaucoup à voir avec les argiles et les terres cuites. Ces techniques pouvaient être très évoluées, mais elles étaient transmises exclusivement de façon orales entre les générations de bâtisseurs. L'écriture n'existait pas ou, si elle existait, on peut penser qu'il n'était pas jugé utile de transmettre des savoir-faire anciens devenus obsolètes face aux nouveaux.

Après la pierre taillée, le ciment et le béton armé...

Pont de l'île de Ré : Auteur Pep.per Creative Commons Puis il y presque deux siècles, le ciment et le béton armé ont commencé à prendre le pas sur la pierre de taille. On est passé d'un principe de construction "multi-lithique", basé sur la conversion et la distribution des forces de gravité en efforts de compression dans les assemblages de blocs indépendants et "glissants" entre eux (principe de la voûte romane), à un principe de construction "monolithique" capable de résister à d'énormes charges en flexion (principe de la poutrelle en béton armé). Les bâtiments sont devenus extrêmement rigides. Ils ont pris de la hauteur, de la portée et se sont allégés.

Le problème, ce n'est pas la pierre mais l'assemblage !

Le béton sans armature d'acier et le mortier pierre, après la cure et grâce au phénomène de carbonatation lente, sont de même nature que la pierre naturelle. Ce sont des minéraux inertes et capables de traverser les millénaires. Les trois présentent une résistance importante en compression, mais sont moins résistants en flexion. En revanche, le principe du coffrage in-situ présente l'avantage sur la pierre taillée de pouvoir facilement réaliser des décrochages de niveaux, des faces multiples et non planes avec des interfaces parfaitement jointives. Autant d'atouts pour permettre aux architectes et aux ingénieurs des structures de concevoir des constructions capables de traverser les millénaires sans encombre, résistantes aux séismes et aux mouvements de terrains (Voir les constructions des Incas...).

Chaque technique a ses inconvénients...

La pierre à douze faces du mur Inca à Cusco Le point faible de la technique du coffrage de pierre, c'est sa consommation d'énergie. La production de chaux nécessite en effet des températures élevées, de l'ordre de 800 à 1000°, obtenues dans des fours, avec beaucoup de combustible. A l'époque des bâtisseurs des pyramides, le combustible était le bois. Il y en avait sans doute encore en Egypte, mais il a disparu. Peut être cette disparition est t-elle en partie liée à la technique du coffrage... et à son abandon ! La technique de la pierre taillée à l'avantage de nécessiter moins de bois. En revanche, son point faible, c'est la grande difficulté, par la coupe et la taille, à créer des blocs avec des faces multiples, des décrochages et des interfaces parfaitement jointives. Pour obtenir des interfaces jointives, les faces doivent être planes. Il en résulte que les mouvements de terrains et les séismes finissent toujours par avoir raison des arcs et des voûtes romanes les mieux construits, faisant glisser les clés et les blocs entre eux. Un autre inconvénient de la pierre taillée et non des moindre, c'est le transport et le levage des mégalithes. Le grand point faible des constructions en béton armé, c'est leur durée de vie limitée, du fait de la corrosion lente mais inéluctable de l'acier au sein du béton, et du fait des fissures dans les assemblages monolithiques trop rigides (murs en parpaings avec joint rigides en ciment) soumis aux mouvements de terrain et aux séismes. Autre inconvénient, le besoin d'énergie encore plus élevé pour produire le ciment (1450°c au lieu de 800°c pour la chaux).

Et alors ?

En fin de compte, les constructions en béton armé durent moins longtemps que les constructions en pierre de taille. Et les constructions en pierres de taille durent sans doute moins longtemps que les constructions en pierres moulées ou coffrées ! Si l'on voulait construire aujourd'hui des monuments qui durent des millénaires plutôt que des gratte-ciel qui défient les lois fondamentales de la physique et de l'entropie, il faudrait sans doute oublier le béton armé et exploiter la technique du coffrage in-situ de blocs massifs jointifs avec des décrochages de niveaux et des faces irrégulières. Il suffirait de prendre exemple sur les anciennes constructions des incas et des égyptiens, et faire tourner les modèles de simulation numérique...

Quelques liens autour du sujet...

- La révélation des pyramides sur Youtube.
- Chronologie égyptienne pythacli chez alice.fr
- Théorie sur la construction des pyramides égyptiennes à base de pierres moulées sur Wikipedia.
- Pierre de Pyramide artificielle: nouvelle analyse à l'Institut des Géopolymères.
- Qui est Joseph Davidovits ? sa biographie...
- Les pyramides en pierres ré-agglomérées : une théorie partiellement remise en cause par le Sphinx, selon Jean-Pierre Dupeyron sur Pyramidales.
- Guy Demortier : des blocs moulés sur place... "n'en déplaise aux Égyptologues !" sur Pyramidales.
- Et les constructions Inca ? INCAS À PART - La Forteresse Inca - sur appel des hauteurs .net
- Discussion autour des pyramides coulées comme du béton, sur le Forum de Futura Sciences.

N'hésitez pas à me signaler d'autres liens qui pourraient aider à avancer, dans le sens ou à contre-sens de la thèse de la pierre reconstituée, pour continuer la réflexion sur le sujet...